« Et une entorse à la cheville, une ! »

Et voilà que je me retrouve à l'hôpital. C'est blanc, morbide. La morgue c'est la première porte à droite ou quoi ? Je jouais tranquillement avec une jeune umbra dans les jardins, je lui courrais après, on montait dans les arbres ... Et j'ai glissé, je me suis royalement étalée d'ailleurs. La jolie petite fille m'a menée jusqu'à ce bâtiment. Ma robe s'est déchirée. Oh, et au pire j'en ai une petite dizaine d'autres dans mon armoire. Je ne suis jamais venue ici d'ailleurs. Tant mieux je dirais ! Les infirmières et les médecins courraient, se bousculaient. Oh, des clamps par-terre. J'ai envie de les prendre, mais je priverai quelqu'un qui va peut-être bientôt subir une lourde opération. Et zut, ils en ont d'autres. Je suis un monstre. Et je rigole, quelle idiote je suis ! J'aurais du courir et rattraper une de ces faibles infirmières pour rendre ces pauvres clamps. Mais je ne pouvais pas, j'avais la cheville gonflée, et elle allait presque exploser. Si j'avais été normale, je me serais caché les yeux à la vue de ce spectacle, mais je suis prof de sciences, les élèves font parfois des choses beaucoup plus horribles avec les grenouilles à disséquer ! 17h36. Au dessus de ma tête, il y avait une petite télévision. Les infos passaient, et des flashs et des reportages sur la crise. Oh ! Ne serait-ce pas Trump ? Le film tant attendu dans nos salles ! Je rigole un instant, je m'en souviens, il avait cours avec moi il y a deux semaines. Il ne comprenait rien au TP d'ailleurs. Qu'il est drôle ce gamin ! En tout cas, il n'a pas scalpé de grenouille, lui. Du moins je crois. Les clamps font des saltos au dessus de ma tête. Quel ennui !

Une, deux, trois infirmières passent devant moi. Et j'attends, ma cheville gonfle et souffre. J'enlève ma chaussure, une tennis toute simple. C'est moche ! J'effleure ma blessure du bout des doigts.

« AÏE ! Mais venez me soigner bordel ! Cette chaise en plastock est tellement inconfortable ! Je vais pas attendre trente balais, du temps que tout mon corps s'infecte ! »

Du silence. Ben voilà, on m'a écoutée. C'est pas trop tôt ! Une petite infirmière niaise arrive à petits pas. Elle rougit, j'ai gêné le travail de ses collègues. Rien à foutre. Elle me demande d'attendre. Ah non ! Pas encore ! Mais enfin, j'ai dit que je n'attendrai pas ! Et les clamps virevoltent, la petite femme à blouse blanche les avait regardés avec un air de méfiance. Ouais, je les ai piqués ! Et les aiguilles de l'horloge digne d'une gare tournent. Tout le monde regarde sa montre, son portable ... Moi je ne prends jamais cette sorte de choses, je risquerais de les perdre.

Ah voilà la miss arrivant presque en courant avec un fauteuil roulant. Pas trop tôt ! Elle me fait signe de s'asseoir. Nan, je monterai pas. Je croise mes bras et tourne la tête dans tous les sens, j'avoue que j'ai l'air d'avoir dix ans. Mais j'ai une entorse, je n'ai pas d'autre choix que de monter. Et c'est contre mon gré, en m'appuyant sur le fauteuil en toc', que je m'y assois.

« - Vous vouliez faire ce métier étant jeune ? Je veux dire, c'est pas trop de la merde que de pousser des gens dans des fauteuils en plastock toute la journée ? C'est nul, non ? »

Et encore une fois je me fais remarquer.

©codage Junnie